Projet DEPISMA / Pilote dépistage néonatal de l’amyotrophie spinale Grand Est et Nouvelle Aquitaine
Mise à jour mercredi 19/10/2022
La filière FILNEMUS, l’AFM-Téléthon, le CHU de Strasbourg et le CHU de Bordeaux se sont associés pour proposer un projet pilote de dépistage néonatal de l’amyotrophie spinale dans les deux régions Grand Est et Nouvelle-Aquitaine, à l’instar de ce qui se met en place dans de nombreux pays. Voici un point d’étape sur l’organisation à venir de ce pilote.
Constat et justification de l’étude
Un consensus d’experts converge actuellement dans le monde pour dire que le dépistage néonatal semble aujourd'hui la solution la plus adaptée pour améliorer le bénéfice thérapeutique des enfants atteints d’amyotrophie spinale. La faisabilité à grande échelle reste à démontrer en France. En effet, traiter des patients en grande partie pré-symptomatiques implique de pouvoir les identifier de manière fiable grâce à un dépistage néonatal à grande échelle et de mettre efficacement un traitement en œuvre.
Le dépistage néonatal de l’amyotrophie spinale a fait l’objet de nombreuses études pilotes à travers le monde notamment à Taiwan, en Belgique, en Allemagne ou en Australie. Ces différents projets pilotes ont confirmé la faisabilité dans leurs pays respectifs du dépistage néonatal de la SMA avec un objectif commun de passage au niveau national à la suite de ces études. Tous les pilotes reposent sur une stratégie similaire de dépistage des délétions homozygotes de SMN1, identique à celle que nous proposons dans ce pilote.
L’amyotrophie spinale infantile remplit aujourd’hui l’ensemble de ces critères pour pouvoir être intégrée au programme de dépistage néonatal français.
Objectif de l’étude
L’objectif du projet pilote DEPISMA est de démontrer la faisabilité d’un dépistage néonatal de l’amyotrophie spinale dans deux régions françaises (Grand Est et Nouvelle-Aquitaine) pendant 2 ans avant de pouvoir proposer de l’étendre à l’ensemble de la France.
Amélioration du service rendu pour les enfants
L’étude permettra de proposer un traitement en pré-symptomatique pour lequel il a été démontré une efficacité supérieure à un traitement débuté après l’apparition des symptômes. Ce résultat établi par des études multicentriques internationales ne sera pas étudié dans le pilote mais l’objectif de santé publique du pilote est bien entendu de pouvoir faire bénéficier les enfants atteints d’une amélioration de la survie, d’une diminution du niveau de handicap et de dépendance, d’une amélioration des fonctions neuromotrices et d’une amélioration de la qualité de vie. L’étude permettrait également d’éviter l’impact psychologique lourd pour les familles et les enfants en cas d’opportunité manquée de traitement.
Tests de dépistage
Le test se fera par prélèvement d’une goutte de sang sur buvard comme pour les tests de dépistage en routine en France. Il permettra la détection d'une délétion biallélique de SMN1 par dépistage néonatal puis la confirmation par un test diagnostique permettra également la détermination du nombre de copies SMN2. Le test dépistera uniquement la délétion homozygote sur le gène SMN1 (pas de découverte fortuite de données non attendues). Ce sera le premier test de dépistage en France à s’appuyer sur une technique de biologie moléculaire en première intention, selon une procédure innovante qui devrait être ouverte par la future loi de bioéthique.
Prise en charge thérapeutique
Les cas précocement diagnostiqués seront pris en charge dans la filière FILNEMUS actuellement opérationnelle et qui repose sur le réseau national des Centres de Référence des Maladies NeuroMusculaires (CRMNM). La décision de mise en place d’un traitement et le choix éventuel de la molécule seront effectués de manière indépendante par la RCP nationale comme c’est déjà le cas actuellement. Le suivi des patients sera effectué par les centres de référence et les données seront colligés dans le registre national R-SMA. Les modalités de ce pilote ont été réfléchies de manière à s’appuyer sur les structures et les procédures existantes en France en matière de dépistage néonatal (via les Centres Régionaux de Dépistage Néonatal (CRDN) et les réseaux régionaux de périnatalité) et de prise en charge des maladies rares (via les centres de références des maladies neuromusculaires et la filière FILNEMUS).
Organisation générale et calendrier
Le calendrier attendu pour l’étude DEPISMA prévoit un début des inclusions au début de l’année 2022, pour une durée de 2 ans. Cette étude pilote se rapprochera au maximum de la vie réelle pour pouvoir générer le plus d’informations utilisables directement pour une généralisation secondaire de ce dépistage aussi rapidement que possible à l’ensemble du territoire national.